Les chapitres

Prélude
Introduction
Plan

I Lexique (PDF 6,1 Mo)

II Description de mes orgues
L'Univers des petits orgues
Orgue n° 1
Orgue n° 2
Orgue n° 3
Orgue n° 4
Orgue n° 5
Claviorganum ou Clavecin organisé

III Fabrication
Tuyaux
Sommiers
Claviers
Transmission
Soufflerie
Soufflet à membrane
Réflexions sur ces instruments
Tailles et dimensions

IV Éléments techniques pour la mise en œuvre d'un "ventilateur intelligent"
1. Moteurs et contrôleurs
2. 1er circuit de test
3. Utilisation d'un capteur de distance
4. Régulation proportionnelle
5. Régulation P.I.D.
6. Téléchargement des programmes

Audio
Contact
Quelques liens

PRÉLUDE

Il y avait deux orgues dans l’église du village où j’ai passé une partie de mon enfance. À la tribune, un « grand orgue », de facture assez quelconque (*), était tenu par un organiste titulaire qui devait le faire entendre à chaque office, le dimanche comme en semaine et, dans le choeur, lui répondait un petit instrument (**) tenu, les jours de fête, par l'instituteur. Nous allions régulièrement, en famille, dans cette église et l’orgue rythmait notre vie.
L’organiste, ami de ma famille, me demandait parfois assistance pour l’aider à accorder les tuyaux à anches du grand orgue (il y avait une trompette tonitruante et un hautbois de huit pieds) ; mon travail consistait à rester assis à la console, devant les deux claviers qui me fascinaient, je tenais consciencieusement les touches enfoncées pendant que « le maître », invisible, disparu dans l’instrument, me dictait à voix haute la « partition » !… Un jour, en guise de récompense, il me proposa d’aller voir et écouter à l’intérieur de l’orgue. Je rentrai dans ce monde inconnu et je fus ébahi par cet environnement sombre, plein de mystères et de bruits. À l’étage inférieur, les multiples fuites d’air accompagnaient de leur léger sifflement les cliquetis d’une mécanique poussiéreuse un peu fatiguée, tandis qu’à l’étage, accessible par une modeste échelle, une forêt immobile de tuyaux de toutes tailles exhalait des harmonies aux sons multiples. Tout a débuté ici...
N’ayant alors aucune relation avec le monde de la facture d’orgue et totalement ignorant de cet univers, je n’avais personne pour me guider, mais sous l’emprise d’une fascination qui ne m’a jamais quittée j’ai donc commencé seul à imaginer le fonctionnement de l’instrument tout en passant, sans tarder, et plein de naïveté, à la pratique ! Que d’essais infructueux, tout posait problème. Je voulais approcher de façon intime l’orgue et ses secrets mais il me manquait tous les éléments et le savoir faire. Cette passion ne s'est jamais atténuée. Nourrie par la recherche incessante de documents, par la visite d’instruments, par la rencontre d’hommes de l’art et par de très nombreuses heures de « bricolage » souvent naïf, elle s’est concrétisée au fil du temps. De nombreuses années d’élaboration et de perfectionnement, ont permis la réalisation de plusieurs petits orgues positifs originaux entièrement faits de façon manuelle et avec des moyens rudimentaires.
C’est pour faire partager ma modeste expérience et mes joies de « facteur d’orgues amateur», éventuellement aussi pour venir en aide à d’autres passionnés par cet instrument que j’ai rédigé ce volume. J’aurais tant aimé, dans les débuts, profiter de l'enseignement et de l'expérience de connaisseurs.
La conception des orgues décrits dans cet ouvrage est entièrement imprégnée par la facture traditionnelle mais je n'ai jamais cherché à copier un instrument particulier (je n'aurais pas su le faire). J'ai toujours cherché à réaliser chaque instrument pour répondre à une aspiration musicale précise et avec les moyens (matériaux, méthodes etc...) à ma disposition. Tous les éléments de mes instruments ont été fabriqués dans mon petit atelier. Aucun achat de parties d'orgue n'a été fait ni réemploi éventuel de matériel provenant d'autres instruments.
Pour achever ce préambule, je dois relater une rencontre fructueuse qui est toujours présente en ma mémoire.
J’étais alors étudiant à l’Université, c’était le début de l’été, les examens venaient de se terminer. Au moment de prendre le train pour rentrer dans ma famille, je lus une affiche annonçant un récital d’orgue dans une église où je savais qu’il n’y avait pas d’instrument ! Je décidai de retarder mon départ pour aller écouter… À ma grande surprise, je découvris dans l’église un beau positif aux lignes hardies et élégantes, mêlant les couleurs chaudes du cuivre à la brillance argentée de l’étain poli. À la séduction visuelle fit suite une immense séduction sonore. Le récital était un concert itinérant donné par deux complices passionnés : un facteur d’orgue – Yves SEVERE facteur d’orgues au Mans, décédé il y a quelques années - concepteur et réalisateur de l’orgue accompagné de son organiste Michel TRIQUE – organiste titulaire du grand orgue de la cathédrale de Laval -. Quelques mois après cet évènement, le hasard fit que j’étais nommé enseignant au Mans ! Ce fut pour moi, évidemment, l’occasion de rencontrer, chez lui, le facteur d’orgues. J’ai reçu un accueil plein de bienveillance et d’enthousiasme qui a donné lieu à de nombreuses visites toujours riches d’enseignements, d’encouragements et de réflexions fructueuses. J’ai appris beaucoup ainsi…

Orgue positif Yves SEVERE

(*) C'était un orgue à transmission pneumatique, d'une dizaine de jeux répartis sur deux claviers manuels, avec le jeu de montre en zinc recouvert d'une peinture argentée.

(**) orgue polyphonique Debierre, sans tuyaux apparents.